Indolence, mollesse, désintérêt… Envie de traîner, de zoner, …
Langueur, torpeur, apathie, atonie, asthénie, abattement, nonchalance, lassitude, …
Noyé.e, envahi.e par les « il faudrait » et les « je devrais », tu t'es perdu.e ?
J’échangeais à ce propos avec un ami, qui ne cesse de me répéter qu’il est fainéant. C’est d’ailleurs toujours bizarre à entendre, car de mon point de vue, ce n’est pas le cas. Peut-être est-ce du au fait qu’il est rapide et efficace et que du coup, il achève une tâche mille fois plus vite que les autres ? S’il se compare, évidemment qu’il se trouve fainéant : alors que lui est déjà de retour chez lui et bien affalé, les autres sont toujours à leur (laborieux) labeur. . . Peut-être est-ce dû au fait qu’il se lasse rapidement, que la tâche – une fois la nouveauté passée – perd de son intérêt, que l’ennui pointe, et avec lui, l’envie de ne rien faire. Ou plus précisément, l’envie de mettre son corps à l’arrêt, pour permettre à sa tête de créer et d’imaginer, d’autres choses dignes d’intérêt à faire.
Mais un jour – et parce que j’étais frustrée de l’entendre dire qu’il est fainéant (je trouve le terme particulièrement péjoratif et nuisible pour l’image et l’estime de soi, je n’aimais pas qu’il se fustige de la sorte), j’ai réfléchi à cela, vraiment réfléchi. Pendant plusieurs jours, en pensant à moi, à mon entourage, à mes clients de coaching, en me questionnant sur la notion de fainéant : d’où cela vient-il ? Qu’est-ce que cela représente, induit. Est-ce inné ou acquis ? Est-ce éliminable par la simple volonté ou est-ce comparable à une sorte de maladie auto immune, dont on ne sait d’où elle vient, ni d’ailleurs comment lutter contre elle, ni la supprimer, la faire disparaître ?
M’est apparu soudainement (j’ai souvent des sortes d’Eurêka – c’est ma façon de fonctionner) que peut-être la fatigue qui s’installe régulièrement, inexorablement, n’est pas autre chose qu’une véritable fatigue, consécutive à une sorte de lutte interne permanente contre quelque chose d’inconscient – mais de bien présent – et qui lui grignote petit à petit, voire en permanence, toute l’énergie qu’il possède.
Parfois, en effet, notre vie nous oblige à faire face à des événements « énergivores », de gros changements. La littérature à ce sujet mentionne que parmi les événements à l’origine des plus gros stress sont le deuil, le divorce, un mariage, la naissance d’un enfant, la perte de son travail ou encore le déménagement. D’autres événements peuvent aussi « vider » littéralement quelqu’un de son énergie : un parent malade dont il faut s’occuper. Un conflit avec une personne de notre entourage, une personne à laquelle on tient, un parent proche ou un ami. Des ennuis financiers. Une ambiance difficile au travail. Un chef ou un collègue harcelant. Quelle qu’en soit la raison, elle est plus ou moins facilement identifiable.
Mais au-delà de ces raisons facilement identifiables, celles qui relèvent de la partie visible de l’iceberg, existent les raisons diffuses, souterraines, celles qui relèvent de la partie immergée de l’iceberg : les blessures d’enfant, un mal être dont on n’arrive pas à identifier l’origine…
La chose diffuse
Mon ami luttait contre un cocktail de souffrances qui se traduisaient par un état dépressif. Comment avoir envie de se lever le matin, comment avoir envie de travailler dur, quand tout semble vide de sens, quand la souffrance intérieure est omniprésente ? Tout son corps était en lutte permanente pour garder le cap, continuer sa vie, se lever et avancer malgré tout.
Je n’ai pu m’empêcher de penser à ma propre lutte quotidienne, cette crainte omniprésente de sombrer dans la dépression, comme ma mère, et la sienne avant elle et qui d’autre encore dans mon arbre généalogique… A ma peur, lancinante, sournoise, incessante, innommable car sans lien avec un contexte, ni une situation, ni un événement concret de mon existence. Quel que soit le jour de l’année, quelle que soit ma situation à ce moment-là, même en « ayant tout pour être heureuse », je me suis levée chaque jour avec la même peur au ventre. Venue de nulle part, inexplicable pragmatiquement parlant, mais tellement là, tellement tangible parce qu’elle me nouait l’estomac à la seconde où j’ouvrais les yeux le matin. Ou même assez souvent, quand venait l’heure d’aller dormir.
Quelque part dans mon histoire, j’ai eu la capacité de développer une stratégie me permettant de cohabiter avec elle, notamment par l’activité et le sport par exemple. J’ai toujours « pris sur moi », je me suis toujours répété le mantra « allez Virginie ! En avant ! Tu peux le faire ! ». Pour moi, zoner, ne rien faire, c’était contacter cette peur et donc jamais elle ne m’a rendue « fainéante ». Même s’il faut bien le reconnaître, j’ai toujours eu besoin de beaucoup d’heures de sommeil et que dormir a souvent fait partie de mes stratégies d’évitement (càd, stratégie me permettant d’éviter de ressentir cette peur). Mais pour d’autre, la blessure intérieure peut consommer une telle énergie qu’il n’en reste que peu ou pas pour se mettre en action, créer, développer… La souffrance peut être un vrai boulet dans l’existence.
Contre quoi luttes-tu ?
T'es-tu jamais demandé.e pour quelle raison tu es (soit-disant) fainéant.e ? A quoi dépenses-tu ton énergie ? Pour y répondre, quelques pistes :
Sais-tu dire non, ou as-tu en permanence peur de décevoir, ou besoin de faire plaisir ? Le risque étant que si tu ne fais pas plaisir, vous ne serez plus aimé ou reconnu par la personne ?
Es-tu toi-même ou as-tu le sentiment de jouer un rôle, un rôle que tu as endossé parfois il y a fort fort longtemps, celui de l’enfant parfait de tes parents, celui du conjoint parfait de ton conjoint, celui de la mère ou du père parfait tes enfants, celui du collègue ou ami parfait de tes collègues ou amis ?
Occupes-tu un métier que tu as choisi ou subis-tu ta vie professionnelle, parce qu’elle est le résultat de tes choix d’études ou d’orientation, relevant du projet de tes parents et non de ton projet à toi ?
Tes relations amicales représentent-elles des contributions à ton existence ou sont-elles empreintes d’obligations envers les autres ? Rendre une invitation parce que ce sont les conventions, rentrer chez soi après une soirée, avec le sentiment d’être complètement vidé, se demander pourquoi tu vois encore untel ou unetelle parce que de toutes façons, ça ne t' apporte rien…
De quoi as-tu manqué étant petit (et je ne parle pas de matériel, mais bien de nourriture affective, celle qui en définitive permet de surmonter le manque matériel) ?
Quelles sont les émotions qui t' habitent le plus souvent ? La peur ? La tristesse ? La colère ?
Fainéantise # complaisance
En d’autres termes, es-tu fainéant.e ou paresseux.se, ou bien as-tu de « bonnes raisons» de manquer d’énergie ?
Tu as le droit de te sentir fatigué.e, fatigué.e d’avoir en définitive déployé une somme d’énergie incroyable pour lutter contre tout ce qui pèse dans ton existence. Ta responsabilité n’est pas de te mettre des coups de pieds au derrière pour parvenir à te mettre en action et abattre le nombre incalculable de tâches que ta représentation te dicte être le bon nombre pour être une « bonne » personne. Non.
Ce n’est pas la soi-disant fainéantise qui est blâmable. C’est lorsque tu t'accommodes chaque jour de cet état, que tu te dis que « la vie est comme ça », que tu continues à subir tout ce que tu subis sans un jour t'arrêter ni décider de te mettre au centre de tes préoccupations que, ce faisant, tu verses dans la complaisance.
ça demande du courage pour reconnaître ce qui pèse dans notre vie, dans notre intériorité. Et encore un peu plus de courage pour, avec douceur et bienveillance, sans complaisance, petit pas par petit pas, décider et poser les actes nécessaires sur le chemin du mieux-être.
Et tu sais quoi ? ça ne demande même pas de tout chambouler dans ta vie, ni d'entreprendre des choses de ouf. Tout ce que ça demande, c'est de prendre soin de toi, de te remettre au centre des préoccupations. De TE choisir chaque jour en choississant des activités qui te nourrissent, des relations qui te nourrissent. En prenant soin de ton corps en le nourrissant correctement et en te ménageant suffisamment de repos. Et aussi, ou surtout, en connectant ton enfant intérieur et en le laissant s'exprimer plus souvent. Quand est-ce que tu as sauté dans un tas de feuilles mortes pour la dernière fois ? Sauté dans une flaque, pour la dernière fois ? Trempé tes doigts dans du chocolat fondu ? Fait une blague débile à ton collègue ? Ri à gorge déployée ?
Si tu veux, on en parle, de comment te remettre au centre de tes préoccupations ;)
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